D’entrée de jeu je mentionnerais qu’en aucun cas il ne faut cesser une médication anticoagulante pour un patient sans connaître la condition médicale pour laquelle il est prescrit. De plus, il est bien établi que les chirurgies mineures sont rarement une indication valable pour cesser même temporairement une anticoagulation quand celle-ci est médicalement indiquée, alors un contexte tel qu’une injection dermato-esthétique est loin d’être une raison valable pour une telle recommandation. Lorsque nous prenons une décision médicale concernant un patient, nous devons toujours nous questionner préalablement sur les risques/bénéfice.

Qu’arriverait-il si le patient faisait un événement thromboembolique secondaire à l’arrêt temporaire de ses médicaments, d’autant plus dans un contexte d’injection médico-esthétique, et sous la recommandation d’un de nos médecins ou autres membres de notre équipe ? Ceci est bien peu justifiable. Lorsqu’une complication se présente, il est bien difficile de justifier la décision prise par l’utilisation d’une technique de canule ou par l’injection de zones plus « sécuritaires ». Ce qu’il faut savoir, c’est qu’AUCUN endroit du visage ni technique n’est 100% sécuritaire et ne comporte le risque zéro.

Voilà pourquoi un médecin, en connaissant bien la raison médicale pour laquelle son patient prend ces médicaments, peut prendre la responsabilité professionnelle lorsqu’il le traitera de cesser temporairement ou bien de conserver sa médication selon son jugement. Il s’agit d’une situation bien différente s’il s’agit d’une ou un patient qui prend des anti-inflammatoires pour un mal de dos comparativement à quelqu’un qui prendrait des anticoagulants pour une condition cardiaque. L’arrêt de la médication pourrait être futile aussi pour une injection de toxine botulique seulement, ou moins pertinente à discuter préalablement à un traitement au PRP. Les risques potentiels doivent tout de même toujours être expliqués clairement aux patients, tels qu’hematomes ou ecchymoses.